Les 24 signataires du nouveau Protocole de collaboration intersectorielle en violence conjugale étaient très heureux d’officialiser, aujourd’hui, leur engagement régional dans le cadre d’un événement réunissant tous les participants à la démarche, issus de différents secteurs tels : les services de police municipaux, la Sûreté du Québec, les centres de santé et de services sociaux, les maisons d’hébergement et d’aide pour les femmes victimes de violence conjugale et leurs enfants, les Centres jeunesse de Lanaudière, le Centre d’aide pour hommes, le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels, la Direction des poursuites criminelles et pénales, les services correctionnels du Québec et du Canada, les centres de femmes, les Services de crise de Lanaudière ainsi que l’Agence de la santé et des services sociaux de Lanaudière.
« Cet exercice a permis d’actualiser l’offre de services aux personnes victimes de violence conjugale, aux enfants exposés ainsi qu’aux personnes ayant des comportements violents », a indiqué Mme Ghislaine Jetté, agente de planification, de programmation et de recherche en violence conjugale à l’Agence de la santé et des services sociaux. « La révision du protocole nous a aussi amenés à systématiser et à renforcer les mécanismes de référence, en plus de favoriser la poursuite du partenariat entre les organisations; le tout dans le but de diminuer la violence conjugale au niveau régional », a-t-elle expliqué.
Agir ensemble pour contrer la violence conjugale
Selon Mme Nathalie Lemieux, directrice générale de la Maison d’aide et d’hébergement pour femmes violentées Regard en Elle, l’élimination de la violence conjugale est tributaire de la volonté et de la mobilisation de toute une communauté, d’une région, d’une société. « Pour les organisations travaillant auprès de milliers de femmes et d’enfants victimes de violence, aujourd’hui est un jour important. Cette collaboration autour d’un protocole en matière de violence conjugale brise le silence; un silence qui envahit et paralyse tant de femmes victimes et d’enfants, un silence qui perpétue les préjugés à l’égard des victimes de violence conjugale. Avec ce protocole, Lanaudière lance un message haut et fort, Non à la violence conjugale », a-t-elle déclaré.
De son côté, M. Daniel Blanchette, directeur et responsable clinique du Centre d’aide pour hommes de Lanaudière CAHo, affirme qu’il s’agit d’un point tournant et déterminant : « Nous sommes heureux et fiers de contribuer activement à cette démarche qui envoie un message d’espoir à toute la communauté lanaudoise. Les personnes ayant des comportements violents, qui font partie du problème de la violence conjugale, font également partie de la solution », a-t-il tenu à spécifier.
Mieux outiller les partenaires
Parallèlement aux travaux réalisés sur la révision du protocole, les membres de la Table de concertation régionale en matière de violence conjugale ont jugé important de faire un lien entre le protocole et l’application terrain. Pour cette raison, un programme de formation continue a été conçu au sein de la région. « Nous souhaitons par ce biais que les intervenants, peu importe leur milieu de pratique, puissent avoir une vision et un langage commun », a expliqué Mme Christiane Courchesne, directrice générale du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) de Lanaudière. Le programme de formation prendra son envol dès 2013.
Dans cette même perspective, un logo ainsi que des autocollants ont été développés pour sensibiliser les gens à la problématique de la violence conjugale au sein de notre communauté. Parmi les outils élaborés, on compte également un carnet d’intervention, dédié exclusivement aux intervenants, et qui favorise des actions bien ciblées. Les différents volets clientèles de ce carnet ainsi que ses codes de couleur permettent d’agir précisément selon s’il s’agit d’un enfant exposé, de personnes ayant des comportements violents ou de personnes victimes, et ce, avant, pendant ou après une situation de crise. « Par la création de cet outil, nous espérons bonifier le service aux personnes touchées par cette problématique et faciliter les liens et les références entre partenaires », a précisé Mme Nathalie L’Heureux, coordonnatrice aux interventions psychosociales au Service de police de Terrebonne.
Quelques chiffres
Selon les statistiques les plus récentes du ministère de la Sécurité publique du Québec, il y a une croissance des infractions contre la personne commises dans un contexte conjugal. Selon les données provisoires de ce ministère, au Québec pour l’année 2010, le nombre total de ces infractions s’élevait à 19 109 (23 % de toutes les infractions contre la personne). De ce nombre, 81,2 % des personnes victimes étaient des femmes. Il est possible de constater la croissance, et ce, en comparant le taux de victimisation par 100 000 habitants. Celui-ci était de 259,4 personnes en 2001 et de 275,1 personnes en 2010.
Dans Lanaudière, l’ampleur du phénomène est aussi observable puisque 1 253 infractions commises dans un contexte conjugal se sont produites durant l’année 2012, plaçant le territoire au 7e rang des régions où les femmes (967) sont les plus affectées.
Au cours des dix dernières années, des données provenant du ministère de la Justice du Québec concernant la région administrative Mauricie (Joliette) indiquent une moyenne annuelle de 295 dossiers d’accusation pour violence conjugale. Les années 2010 et 2011 présentent les nombres les plus importants, soit respectivement 354 et 360 dossiers judiciarisés pour cause de violence conjugale. Selon les statistiques, la violence conjugale n’est pas en diminution d’où l’importance d’un tel protocole qui peut faire une différence dans la vie des femmes, des hommes et des enfants aux prises avec cette problématique.