Lanaudière, le 10 décembre 2014 – LES ORGANISMES EN DÉFENSE COLLECTIVE DES DROITS RAPPELLENT L’IMPORTANCE DE LEUR TRAVAIL POUR LE RESPECT DES DROITS ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX DE LA POPULATION – À l’occasion de la 64e journée des droits de l’Homme, les organismes communautaires en défense collective des droits prennent la parole pour dénoncer l’inertie gouvernementale à les financer adéquatement. Au Québec il existe plus de 300 groupes communautaires en défense des droits qui souffrent tous d’un financement nettement insuffisant. Dans la région lanaudoise, ce sont 18 groupes qui travaillent à défendre les droits sociaux et économiques et à faire reculer la pauvreté et l’exclusion sociale. Concrètement, ces organismes aident les gens à se regrouper pour agir ensemble afin de faire reconnaître et respecter leurs droits dans plusieurs domaines dont : le logement, l’environnement, la consommation, le travail non syndiqué, l’aide sociale, le chômage, l’égalité pour les femmes, la lutte contre l’homophobie, les droits des personnes handicapées, des travailleurs / travailleuses accidenté-e-s, des aîné-e-s, des personnes immigrantes, etc.
« Nous souhaitons sensibiliser l’ensemble de la population à l’importance de notre travail qui est de favoriser la prise de conscience, par les citoyennes et citoyens, de leurs propres conditions de vie, dans le but de transformer la société en faisant émerger la solidarité et la justice sociale », déclare Johanne St-Denis, coordonnatrice de l’Action Populaire des Moulins. « Nous voulons aussi lancer un message aux autorités gouvernementales : si le Québec est aujourd’hui reconnu comme une société soucieuse du bien-être de ses citoyennes et ses citoyens, c’est en raison des actions comme celles entreprises par les groupes de défense collective des droits qui ont su défendre la justice, la solidarité et l’égalité pour toutes et tous depuis plus de 40 ans ! À travers notre travail d’analyse des enjeux politiques, de nos représentations auprès des instances décisionnelles, de l’éducation populaire et de la mobilisation sociale, nous avons contribué à la mise en place de plusieurs programmes sociaux ainsi qu’à des améliorations législatives importantes pour la protection des droits des citoyennes et des citoyens du Québec », poursuit-elle.
Or, « les groupes de défense collective des droits font partie des enfants pauvres du milieu communautaire », déclare Francine Rivet, coordonnatrice de la Table de concertation des groupes de femmes de Lanaudière. « Avec un financement moyen de 56 000 $ par année, nos organismes sont parmi les groupes communautaires autonomes les moins bien financés. Dans la région, la moyenne est encore plus basse, soit 53 249 $. De plus, ce maigre financement n’a été ni indexé, ni augmenté depuis 10 ans. Qui plus est, trois des 18 groupes de Lanaudière ne reçoivent toujours aucun financement. Ce sous-financement nuit à nos actions en faveur de la reconnaissance et du respect des droits humains, particulièrement à un moment où les écarts se creusent entre les riches et les pauvres et où les gouvernements coupent dans les programmes qui visent justement à redistribuer la richesse et à protéger les droits de la population québécoise, particulièrement les droits des personnes les plus vulnérables et les plus démunies dont la situation est de plus en plus précaire. »
Rappelons que c’est en 1950 que l’Assemblée générale des Nations Unies a déclaré le 10 décembre ‘Journée des droits de l’Homme’ afin de célébrer la Déclaration universelle des droits de l’Homme, adoptée en 1948. Considérée comme une étape décisive sur la voie du progrès de l’humanité, la Déclaration universelle des droits de l’Homme a été proclamée comme l’idéal commun que doivent atteindre tous les peuples et toutes les nations. En ce sens, l’ONU considère que tous les pays devraient célébrer l’anniversaire de cet événement dans un commun effort pour faire connaître la Déclaration aux peuples du monde et, surtout, multiplier leurs efforts pour faire réaliser de nouveaux progrès à l’humanité.
Présentement au Québec, loin de nous faire réaliser ces progrès, le gouvernement impose plutôt à la population une série de coupures et de compressions visant à atteindre le déficit zéro, sans prendre en compte leurs effets sur le déficit social qui, lui, s’aggrave sans cesse. La protection des droits humains s’impose à tout gouvernement et ce, au-delà de l’ordre du jour politique. Les droits humains ne constituent pas un luxe, mais bien une exigence démocratique dans toute société, nous rappelle la Ligue des Droits & Libertés du Québec**.
Or, tous les moyens d’équilibrer le budget ne s’équivalent pas au niveau des droits. L’État a le devoir immédiat de veiller à l’aspect non discriminatoire de toutes ses décisions politiques et économiques. Si le gouvernement québécois décide de réviser les programmes, et plus particulièrement les programmes sociaux, il doit garantir qu’un tel exercice n’aggrave pas les inégalités. Vu sous l’angle des droits humains, la finalité des programmes consiste à respecter les droits des personnes auxquelles ils sont destinés et non à ériger l’équilibre des finances publiques en exercice idéologique et indépendant des droits.
Le gouvernement se doit d’administrer les finances publiques en fonction de ses obligations en matière de droits humains. C’est la raison d’être et la fonction des groupes en défense collective des droits de le rappeler aux pouvoirs politiques. Cette mission essentielle a même été reconnue et confirmée par le gouvernement québécois, en 2001, dans sa politique de reconnaissance et de soutien de l’action communautaire. Il est grand temps que les groupes en défense collective des droits aient enfin les moyens de la réaliser pleinement.
** Mesures d’austérité, une atteinte aux droits humains? https://ricochet.media/fr/138/mesures-dausterite-droits-humains