Sud de Lanaudière, le 27 novembre 2014. En cette édition particulière de la Campagne des 12 jours d’action pour l’élimination de la violence envers les femmes, marquant le triste 25e anniversaire du massacre sexiste de Polytechnique, la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes et ses membres interpellent les députés et les partis politiques pour des engagements clairs concernant une Commission itinérante en matière de violence envers les femmes.
Principales victimes des agressions
Dans la foulée de l’affaire Ghomeshi, des milliers de femmes ont dénoncé avoir subi des agressions sexuelles. Indicateur puissant de l’(in)égalité de notre société, ces agressions sexuelles doivent être considérées dans le continuum des violences dont les femmes sont toujours victimes, parce qu’elles sont femmes.
Rappelons que seul 10% des agressions sexuelles font l’objet d’une plainte à la police. On peut estimer que les autres formes de violence ne sont pas davantage dénoncées. Au Québec, les données policières montrent que les femmes forment 81% des victimes de violence conjugale et constituent la grande majorité des victimes pour chaque catégorie d’infractions : les agressions sexuelles (99% – 83% hors contexte conjugal), les séquestrations (98%), les enlèvements (94%) et les homicides (92%). Les conjointes composent 75% des victimes d’homicide, 67% des victimes de voies de fait de niveau 3 et 64% des victimes de tentatives de meurtre.
Commission itinérante en matière de violence envers les femmes.
Mariages forcés et arrangés, grossesses ou avortements forcés, mutilations génitales, crimes d’honneur, violence conjugale, traite, prostitution, exploitation, discrimination, sexisme, harcèlement, etc. : tous ces traitements dégradants sont surtout imposés aux femmes.
Différents contextes donnent lieu aux violences envers les femmes. Ces formes de violence s’imbriquent et opèrent simultanément, généralement en escalade : verbale, psychologique, physique, économique, spirituelle, systémique, racisme, sexisme, etc. À titre d’exemple, l’agresseur sexuel est souvent le partenaire intime. Il s’agit, dès lors, d’agression sexuelle et de violence conjugale. Si ce partenaire intime est également le proxénète de la victime, on y décèlera de l’exploitation sexuelle. La même femme peut être victime de traite, et vivre une problématique de santé mentale développée à la suite de tant de violence. Et ainsi de suite…
Embrasser une vision globale et intégrée des violences envers les femmes permettrait d’échapper, enfin, à l’analyse en silo qui cloisonne des objectifs pourtant communs. Rappelons qu’aujourd’hui nous disposons, entre les paliers fédéral et provincial, de plans d’action en matière de violence conjugale, en matière d’agression sexuelle, en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, en analyse différenciée selon les sexes, en matière d’exploitation sexuelle, en matière de lutte contre la traite, etc. A quand un plan d’action global et intégré, reconnaissant qu’UNE femme puisse être touchée par TOUS ces plans d’action, aux engagements si modestement actualisés ?
Ambitions
A quand donc un ministère de la Condition féminine, tant au provincial qu’au fédéral, qui ait vraiment à cœur l’intérêt et l’égalité des femmes ? À quand une société qui soit fondamentalement égalitaire ?
8000 milliards de dollars : c’est le prix de la violence envers les femmes dans le monde . Combien de campagne de sensibilisation ? Combien d’opportunités réelles ? Combien d’emplois ? Combien de logements sociaux pourrait-on créer avec un telle somme ? Cela permettrait également, et surtout, que les femmes ne souffrent plus en silence.
25 ans plus tard, une femme sur trois est toujours victime de violence au Québec.
Il faut que ça change !
-30-
Les 36 maisons membres de la Fédération, situées dans 11 régions administratives de la province, accueillent chaque année plus de 3000 femmes et 1500 enfants. Elles répondent à 24 000 appels, effectuent plus de 161 200 interventions individuelles, près de 11 500 suivis de groupes et près de 6000 accompagnement divers. Les services externes des maisons réalisent plus de 20 000 interventions individuelles et suivis, plus de 3000 accompagnements divers et conçoivent presque 2000 activités de sensibilisation chaque année. Rappelons également que plus de 10 000 femmes sont refusées chaque année dans les maisons de la FMHF, faute de place disponible au moment de l’appel.
Fortes de cette expertise, nous affirmons que les femmes vivent de plus en plus de violences. Nous confirmons également que les situations sont de plus en plus complexes. Dans ce contexte et durant cette importante édition des 12 jours d’action pour l’élimination de la violence envers les femmes, nous tenons à vous interpeller.