Les personnes âgées de plus de 75 ans, qui représentent un ménage locataire sur cinq à Repentigny, paient, en grande majorité, une part beaucoup trop élevé de leurs revenus pour se loger. C’est la principale conclusion à laquelle en vient le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), en analysant des données souvent inédites provenant de l’Enquête nationale auprès des ménages, menée en 2011 par Statistique Canada.
Selon les chiffres compilés par le FRAPRU, 71 % des ménages locataires de 75 ans et plus consacrent plus que la norme de 30 % de leurs revenus au loyer à Repentigny, alors que 41 % en engloutissent plus de la moitié et 19 % plus de 80 %.
Parmi ces ménages, ce sont les femmes qui éprouvent les plus grandes difficultés financières, ce qui s’explique par la faiblesse de leur revenu. Le revenu médian des femmes locataires de 75 ans et plus n’est en effet que de 19 972 $ par an, soit 22 584 $ de moins que les hommes locataires du même âge. Or, les femmes, qui demeurent souvent seules en résidence, paient un loyer médian de 1078 $ de mois. Elles sont en conséquence 78 % à verser plus de 30 % de leur revenu en loyer, 52 % plus de la moitié et 26 % plus de 80 %.
« Il est inimaginable que des pourcentages aussi élevés de personnes aînées, principalement des femmes, doivent engouffrer jusqu’aux 4/5 de leur revenu pour se loger. Cela ne peut se faire qu’au sacrifice de leurs autres besoins essentiels dont la nourriture », se scandalise le coordonnateur du FRAPRU, François Saillant.
Le loyer a augmenté, pas le revenu
En faisant la comparaison entre 2006 et 2011, le FRAPRU a constaté que le loyer médian a augmenté de 18 % en cinq ans à Repentigny, passant de 605 $ à 716 $ par mois. Le revenu médian, lui, ne s’est accru que de 3 % durant la même période. Cet écart a fait exploser le nombre total de ménages locataires en difficulté. Ainsi, 2910 ménages, représentant 41 % des locataires, consacrent maintenant plus de 30 % de leur revenu pour se loger à Repentigny. De ce nombre, 1425, en versent plus de 50 %, dont 560 plus de 80 %. Il s’agit, dans ce dernier cas, d’une hausse de 47 % par rapport à 2006. « En raison du coût élevé de leur loyer, davantage de locataires vivent des difficultés financières par rapport au logement, à Repentigny que dans l’ensemble du Québec », ajoute François Saillant.
Peu de logements locatifs et de logements sociaux
En se basant sur des chiffres récents provenant cette fois de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, le FRAPRU affirme que la MRC de l’Assomption où se trouve Repentigny vit toujours une pénurie de logements locatifs. Le taux de logements inoccupés n’y était que de 1,6 % à l’automne 2014. Il était encore plus bas dans le cas des appartements d’une chambre à coucher, soit 0,7 %. Or, à peine 294 logements locatifs ont été mis en chantier dans la MRC depuis le début de 2011, contre 793 unités de condominiums. Le violent incendie qui a détruit 16 logements locatifs, dans la nuit du 13 au 14 janvier, ne pourra malheureusement qu’empirer la situation.
Le FRAPRU déplore par ailleurs que la ville de Repentigny ne compte que 182 logements sociaux, ce qui représente à peine 2,6 % de l’ensemble des logements locatifs, alors que ce pourcentage est de près de 11 % à l’échelle du Québec. À peine 16 logements sociaux se sont réalisés dans la ville depuis la création du programme AccèsLogis en 1997. « Voilà une raison de plus pour réclamer que le prochain budget du gouvernement québécois maintienne non seulement ce programme, mais augmente le nombre de logements subventionnés, de manière à ce que Repentigny en reçoive un nombre plus important», conclut François Saillant.
La réaction d’Action-logement Lanaudière
Réagissant aux statistiques rendues publiques par le FRAPRU, Amélie Pelland, intervenante sociale à Action-logement Lanaudière, a déclaré : « Il est incompréhensible de ne pas augmenter le nombre de logements sociaux et abordables en constatant ce portrait inquiétant. La Société d’habitation du Québec a mené une étude en 2011 et 2013, sur le logement social et communautaire, où il a été révélé que des mesures telles l’accès à un HLM ou au Programme Supplément de loyer permettent d’économiser des coûts quant à l’utilisation des services publics et favorisent la création d’un milieu permettant l’insertion sociale et professionnelle. Il est temps de voir le logement social comme un investissement plutôt qu’une dépense! ».