Saint-Esprit, le 29 mars 2017 — Les organismes communautaires autonomes en santé et services sociaux vont continuer de s’appauvrir et ce sont les citoyennes et les citoyens qui en paieront le prix, malheureusement. Alors que la croissance prévue des dépenses en santé et services sociaux s’élève à 4,2 % en 2017-2018, l’investissement au Programme de soutien aux organismes communautaires sera seulement de 1,7 % cette année.
Pour la Coalition des Tables régionales d’organismes communautaires (CTROC) et la Table régionale des organismes communautaires de Lanaudière (TROCL), cela signifie que les groupes auront encore plus de difficultés à répondre aux besoins de la population qui ne cessent de s’accroître avec l’austérité des dernières années. « On nous demande de faire plus avec moins, encore une fois, alors que nous sommes à bout de souffle. Le gouvernement déleste toujours plus de ses responsabilités sur le dos des organismes. Pourquoi ne méritons-nous pas alors la même hausse que le réseau public, qu’on sort du pétrin plus souvent qu’à notre tour », se demande Hugo Valiquette, porte-parole de la CTROC, qui représente 3000 groupes communautaires autonomes de toutes les régions du Québec.
La situation n’est pas mieux pour les organismes communautaires autonomes financés par les autres ministères. Leur financement est soit gelé, soit à peine haussé, mais sur une base ponctuelle. Par exemple, les millions de dollars annoncés récemment pour la persévérance scolaire ou pour les organismes familles sont non-récurrents et ne sont pas attribués au financement à la mission de ces organismes. Selon Samuel Mainguy, agent de communication et de mobilisation de la TROCL « ces annonces sont tout simplement de la poudre aux yeux qui n’amélioreront pas à long terme la qualité de vie des familles et des Lanaudoises et au Lanaudois ». Le financement à la mission c’est récurrent d’année en année et c’est l’unique façon de consolider et de développer les organismes, alors que ce n’est pas du tout le cas avec le financement ponctuel.
L’écart entre le financement actuel des organismes communautaires et leurs besoins réels s’élève à 475 millions $. M. Valiquette, qui est le coordonnateur de la TROCL, souligne que le gouvernement aurait pu, dès maintenant, faire des investissements significatifs, « on pourrait très bien prendre une partie des surplus affectés au Fonds des générations pour corriger le sous-financement chronique des organismes communautaires, à qui on reconnaît pourtant une contribution essentielle au développement social et économique du Québec! Nous tenons à rappeler que l’ensemble des élus québécois a demandé au gouvernement de rehausser le financement des organismes communautaires autonomes deux fois avec des motions unanimes à l’Assemblée nationale. À quand un réel respect de leur engagement moral? » En fait, les 10 millions d’investissements qui ont été annoncés pour le programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) dans le budget en 2017-2018 représentent certainement une somme additionnelle pour les organismes, mais lorsque ce montant sera réparti parmi les 16 régions administratives du Québec ce sera nettement insuffisant. Dans la région de Lanaudière, à elle seule, les organismes communautaires autonomes sont déjà sous-financés à la hauteur de 30 millions!
La Coalition des TROC est aussi déçue de l’inaction du gouvernement en matière de lutte à la pauvreté. « Patientez, nous dit le ministre Blais. Mais les personnes en situation de pauvreté n’ont pas ce luxe », déplore M. Valiquette. Le report du plan d’action en matière de lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale retarde d’autant plus les sommes nécessaires pour venir en aide aux personnes les plus démunies de notre société.