Montréal, le 14 février 2018
#EtMaintenant ? Les centres de femmes en action !
Le 14 janvier Aurélie Lanctôt et Léa Clermont Dion défendaient, à Tout le Monde en Parle, l’appel #EtMaintenant lancé sur Internet. Le lendemain, à travers le Québec, les centres de femmes ont spontanément distribué des cœurs jaunes en solidarité avec le mouvement contre les violences sexistes et sexuelles autour du #MoiAussi.
Dans toutes les régions de la province, des femmes étaient heureuses de pouvoir mettre l’épaule à la roue. Elles n’ont pas toutes un téléphone intelligent, un compte Twitter ou Facebook, elles n’ont pas toutes signé #EtMaintenant en ligne, mais toutes répondent à l’appel : mettons fin aux violences, maintenant !
Cet appel a rappelé l’importance d’en finir avec les violences faites aux femmes, de modifier les rapports sociaux de sexe, de lutter contre les inégalités. Ce travail de fond est fait dans l’ombre depuis près de quarante ans dans les centres de femmes et le mouvement féministe. Notre mouvement se vivifie, les centres de femmes saisissent la balle au bond !
#Moiaussi : coup d’accélérateur
Il y a au Québec une centaine de centres de femmes. Ce sont des milieux de vie ancrés dans les communautés qui offrent des ressources aux femmes. Leur mission est de briser l’isolement des femmes. Ils offrent à des femmes souvent précaires et marginalisées qui viennent d’abord pour accéder à des services divers, des espaces sécuritaires pour qu’elles puissent verbaliser leur vécu et être accompagnées pour sortir de la violence. Les travailleuses des centres de femmes mènent des interventions féministes. Elles sont en première ligne pour dépister les violences, amener les victimes à parler et les aider. Elles proposent des interventions individuelles ou en groupes et peuvent orienter les femmes vers des ressources spécifiques. Ce travail de terrain, de prévention, de dépistage et de conscientisation s’est accéléré grâce à #MoiAussi.
Notre culture banalise les violences et le sexisme et cela empêche les victimes de se saisir du constat : je vis de la violence. Des femmes qui entrent dans un centre de femme pour régler un problème matériel peuvent mettre plusieurs mois à verbaliser les violences qu’elles vivent. L’afflux de témoignages autour de #MoiAussi a été révélateur pour elles.
Cette vague prend sa source dans les violences subies par des femmes riches et puissantes. Pourtant ce sont des centaines de milliers de femmes aux horizons divers qui ont repris pour elles un mot d’ordre initié par Tatiana Burke, militante noire des quartiers populaires. C’est avec les travailleuses pauvres, les mères de famille monoparentale, les femmes immigrées, les femmes marginalisées, les adolescentes, les retraitées à bas revenus, que nous travaillons chaque jour pour dire #MoiAussi dans la vraie vie.
#EtMaintenant, on se retrousse les manches !
Après un automne chargé en révélations douloureuses, il est temps de se tourner collectivement vers l’avenir. Le slogan #EtMaintenant permet de travailler à des solutions concrètes. Alors #EtMaintenant ? Les centres de femmes se mettent en action !
- Pour que la dénonciation d’un milliardaire par des vedettes puisse servir à une ouvrière pour dénoncer son petit boss, nous souhaitons toucher toujours plus de femmes en situation de pauvreté ou de marginalité.
- Parce qu’Internet ne peut pas être le seul lieu de libération de la parole, nous voulons multiplier les espaces d’écoute.
- Nous devons dépister systématiquement et former les femmes à voir les violences sexistes ou sexuelles. C’est le sens de la campagne d’éducation populaire que nous lançons.
- Nous souhaitons nous appuyer sur les nouvelles technologies, pour former plus de femmes, établir des scénarios de protection, intervenir auprès d’elles et les orienter vers les ressources pour sortir des violences.
Les coûts de la libération de la parole
Ce travail a un coût que le mouvement #MoiAussi a pu cacher. Libérer la parole ne se fait pas en claquant des doigts. Et mettre des mots sur la violence n’en sort pas les victimes comme par magie. Briser le cycle infernal des violences demande un investissement. Ce travail est grandement fait par les groupes de femmes et par les organismes communautaires : des ressources précaires et surchargées. Pour le dire sans détour : il y a beaucoup plus de demandes d’écoute, de soutien, de prévention qu’il n’y a de travailleuses dans les centres de femmes. Il en va de même chez nos camarades de lutte.
Unissons-nous pour transformer le monde
Nous saluons l’ouverture de la ministre Hélène David au courant de l’automne dernier et nous l’interpelons. Nous avons des propositions à lui soumettre pour initier un mouvement de détection et de prévention. Depuis plusieurs semaines les centres de femmes font vivre dans la vraie vie, une contestation née sur Internet. Nous souhaitons collaborer à l’effort de transformation qui doit être collectivement consenti en commençant par une rencontre avec le secrétariat.
Nous nous adressons ensuite à nos consœurs du mouvement des femmes. Nous encourageons le mouvement québécois à se réunir afin d’identifier comment il pourra travailler à soutenir cette vague populaire d’émancipation. Dépassons nos limites institutionnelles, soyons à la hauteur de notre réputation et réalisons le changement maintenant !
Pour trouver des ressources près de chez vous ou soutenir les centres de femmes au Québec retrouvez nos adresses ici
http://www.rcentres.qc.ca/public/centres-de-femmes-du-quebec.html
Le comité de coordination de L’R des centres de femmes du Québec :
Nadia Morissette, présidente, Côte-Nord,
Stéphanie Vallée, vice-présidente, Lanaudière,
Isabelle Gallant, secrétaire-trésorière, Bas-St-Laurent,
Ariane Gauthier Tremblay, Capitale nationale,
Catherine Francoeur, Montérégie,
Graciela Mateo, Montréal et de Laval,
Joannie Boivin, Abitibi-Témiscamingue,
Linda Provençal, Mauricie et du Centre-du-Québec,
Lise Aubin, Chaudière-Appalaches,
Manon Tremblay, Nord-du-Québec,
Marie Turcotte, Laurentides,
Marylin Ouellet, Estrie,
Monique Brisebois, Outaouais,
Solange Turbide, Gaspésie et Îles-de-la-Madelaine,
Vanessa Bouchard, Saguenay-Lac-Saint-Jean,
Et la permanence de L’R :
France Bourgault, co-coordonnatrice
Héloïse Duché, chargée de projet
Odile Boisclair, co-coordonnatrice
Sylvie St-Amand, co-coordonnatrice
Valérie Gilker-Létourneau, co-coordonnatrice