Sainte-Julienne, le 30 octobre 2014 – Le gouvernement du Québec s’est lancé dans un vaste exercice de révision de tous ses programmes, avec comme objectif ultime de retrancher quelques milliards à ses dépenses et résorber le déficit de la province. L’intention est louable. Les moyens pour y arriver sont, quant à eux, questionnables.
Que le gouvernement se livre à un exercice de révision de tous ses programmes est fort pertinent. Trop de ces programmes ne donnent que peu de résultats et détournent des sommes importantes qui seraient mieux utilisées dans des mesures qui s’avèrent efficaces mais sous financées à cause de ce détournement de capitaux vers des canards boiteux.
Là où l’on doit cependant se questionner, c’est sur l’apparente marche à l’aveuglette que le gouvernement semble avoir entrepris. Il sabre dans toutes les structures dédiées au développement régional et au déploiement des services publics, santé, éducation, économie, employabilité, sans aucune logique opérationnelle et avec une finalité exclusivement comptable.
Cette finalité obtuse trouve une incarnation particulièrement visible dans les mesures et les services de développement de nos jeunes. La désorganisation quasi-totale des structures des carrefours jeunesse-emploi annoncée par le ministre François Blais, en constitue un exemple frappant. Et le prétexte invoqué ne résiste à aucune analyse minimalement sérieuse.
Le ministre affirme : « Je veux desservir principalement les jeunes chômeurs et les assistés sociaux parce que c’est là que les besoins vont être dans les prochaines années ». Monsieur le ministre, malgré tout le respect que l’on vous doit, les besoins dans les prochaines années touchent la productivité de nos entreprises et la création de richesse collective. Cette productivité et cette richesse sont tributaires de notre capacité à qualifier nos jeunes, tous nos jeunes, et pas seulement ceux qui sont actuellement sur le « pay roll » d’Emploi-Québec.
Cette action à courte vue va peut-être permettre de remettre en emploi temporairement certains prestataires qui, faute de soutien approprié à moyen ou long terme, vont inévitablement revenir aux mesures d’assurance emploi. Elle ne permettra pas de former adéquatement, dans toutes ses formes de savoirs, une main-d’œuvre qualifiée qui se maintiendra en poste et constituera un actif précieux pour le développement de qualité de nos milieux.
Nous revenons à notre titre de départ : « La lutte au déficit : au détriment de qui, de quoi? » La réponse s’impose d’elle-même : au détriment de l’ensemble des jeunes du Québec, au détriment de ce qui fonctionne déjà et de ce qui donne des résultats, au détriment d’une véritable action porteuse et ce, pour le seul bénéfice d’un agenda politique qui n’a rien à voir avec celui du développement de qualité du Québec.