Lanaudière, le 19 décembre 2012 – c le temps des Fêtes arrive le cortège des bonnes causes nous sollicitant au nom de la compassion et du partage. La guignolée, pour ne nommer qu’elle, devient un grand évènement rassembleur où tous et toutes ouvrent leur cœur et… leur porte-monnaie. Noël, c’est le moment de la grande générosité. Qu’en est-il du reste de l’année?!
Nous sommes légion à avoir connu des épisodes de pauvreté plus ou moins longs et nous connaissons pratiquement tous des gens dans le besoin. La réalité économique est instable : le travail se fait précaire, les revenus des travailleurs plafonnent quand ils ne régressent pas. Les événements difficiles tels que séparation, maladie, perte d’emploi, créent leur lot de problèmes financiers. Les personnes qui se trouvent dans une de ces conjonctures pénibles suscitent la compassion et on ne lésine pas à leur apporter de l’aide.
Mais qu’en est-il des autres? Ceux dont la situation perdure et qui, sans raison évidente, traînent de la patte, n’arrivent pas à s’en sortir? N’a-t-on pas, au fond de soi, une petite (ou grande) réticence sur laquelle on ferme les yeux le temps d’un don fait rapidement en cette période d’abondance… pour ne pas dire de débordement de consommation. Et cette réserve, elle s’exprime intérieurement par des réflexions du genre «on a ce qu’on mérite dans la vie ». Il y aurait donc des bons pauvres pour qui nous voulons évidemment contribuer… mais aussi des mauvais pauvres… ceux qui abusent du système, ceux qui ne veulent pas travailler, ceux qui suscitent le jugement.
Être pauvre, est-ce seulement manquer d’argent?
Si on ne considère que le revenu d’un ménage pour déterminer son niveau de pauvreté, ne risque-t-on pas de faire de grossières erreurs d’évaluation? De toute évidence, manquer d’argent rend la vie compliquée, voire intenable. On vit dans le stress constant de ne pouvoir payer l’essentiel. Cette pauvreté est celle du manque d’argent. Et c’est déjà bien assez pour expliquer les retards dans le paiement des comptes courants.
Mais de quoi un ménage a-t-il besoin pour fonctionner adéquatement dans notre société?
D’un revenu seulement? En ne considérant que cet aspect, on oublie à quel point les assises permettant de bien fonctionner dépassent le simple revenu adéquat. Au delà d’un revenu décent, on a tous et toutes besoin d’un réseau social, d’une appartenance, de liens familiaux ou humains qui nous rattachent à notre communauté.On a aussi besoin d’un bagage d’éducation, qui nous suit toute notre vie: pas seulement celui provenant de l’école, certes essentiel, mais aussi cette éducation qui donne des balises, des modèles stimulants, une attitude positive héritée de notre milieu familial et social.
On a aussi besoin de la santé physique et psychologique qui donne la force de foncer, de traverser les périodes difficiles, de relever des défis. Quand on se trouve dépourvu de toutes ces ressources matérielles et humaines, la pente est pas mal plus difficile à surmonter… Et alors (comment s’en étonner?), on tombe en mode survie : c’est la grande débrouille, la marginalisation, une rupture plus ou moins grande avec la belle société où les règles du jeu sont tellement exigeantes, où on pardonne difficilement la non-productivité.
Il n’y a pas de recettes magiques pour contrer la pauvreté. Si, en tant que personne et en tant que société, on ne trouve pas la patience et la clairvoyance de soutenir la démarche de prise en charge de nos concitoyens et concitoyennes en panne, on n’en a pas fini de faire des collectes à Noël ou à la rentrée scolaire…