À la recherche d’énergies propres, un groupe de citoyens curieux se rend jusque dans l’État du Vermont aux États-Unis

Saint-Gabriel, le 4 novembre 2012. Les 27 et 28 octobre derniers, une cinquantaine de citoyens militants du Regroupement interrégional sur les gaz de schiste de la vallée du Saint-Laurent (RIGSVSL) ont participé au voyage Québec-Vermont «Vers des énergies propres ». Parmi ce groupe figurait deux citoyennes de Lanaudière : Marie-Pier Sylvestre de Saint-Cuthbert et Odette Sarrazin, de Saint-Gabriel-de-Brandon, membre du Comité vigilance gaz de schiste Lanaudière.

Quelques mois auparavant, le même groupe s’était rendu en Pennsylvanie pour y constater de visu les dommages causés par l’exploitation des gaz de schiste chez nos voisins du sud. « Après avoir constaté l’horreur, nous étions avides de voir qu’il y avait des solutions et que des énergies propres étaient non seulement théoriquement possibles mais aussi viables dans le contexte économique et social actuel, c’est pourquoi nous avons ciblé le Vermont où des expériences encourageantes sont en cours depuis déjà quelques années.» explique Odette Sarrasin, membre du groupe.

Le but de ce voyage était d’aller vérifier ce qui se fait concrètement chez nos voisins américains du Vermont, terre où plusieurs de nos ancêtres ont émigré. Au Québec, on constate également une volonté grandissante de délaisser les énergies fossiles. L’usine de bio-méthanisation de Saint-Hyacinthe fut le point de départ de ce périple. Cette usine traite les eaux usées de la municipalité pour produire du biogaz qui sert à sécher les résidus solides et à les transformer en granules moins coûteuses à enfouir, et plus faciles à épandre dans les champs. Puis la visite s’est poursuivie au Vermont, dans une coopérative de bio-méthanisation où se trouve un site d’enfouissement des ordures en exploitation depuis 30 ans. L’usine capte les gaz générés par les déchets et produit de l’électricité qui fournit de l’énergie propre à 11 000 résidences. Poursuivant son itinéraire, le groupe s’est rendu chez les frères Chaput, propriétaires d’une ferme de 1300 vaches. C’est en captant le bio-méthane produit naturellement par les vaches que les Chaput produisent de l’électricité. Ils en retirent des revenus importants en vendant cette énergie verte. À la fin du procédé, ils récupèrent la matière solide pour en faire de la litière pour le bétail. Ils épargnent ainsi 85 000$ par année qu’ils dépensaient pour du bran de scie. Selon les frères Chaput : «C’est rentable pour l’entreprise en plus de réduire de façon considérable l’émission de gaz à effet de serre.»
Quatrième arrêt : l’usine de biomasse de Station McNeil à Burlington qui transforme des résidus forestiers et du bois de démolition pour produire de l’électricité. Cette électricité est vendue à une coopérative d’électricité pour un équivalent de l’alimentation de 500 000 ampoules d’éclairage.

Par ailleurs, le groupe de voyageurs a été impressionné par les parcs solaires et éoliens visités à South Burlington et à Sheffield. Ils ont constaté que les règles environnementales sont très exigeantes dans cet État. Les décisions se prennent à différents paliers administratifs, ce qui fait que ces projets ont mis du temps à se concrétiser. Par exemple, neuf ans se sont écoulés avant que la ferme d’éoliennes de Sheffield puisse démarrer. Madame Sarrazin souligne l’importance du soutien des gouvernements fédéral et de l’État du Vermont qui encouragent et facilitent la réalisation de tels projets, tout comme l’importance de la volonté manifestée par les citoyens pour faire avancer les choses. Elle rapporte que lors de ce voyage, Madame Gwendolyn Hall-Smith, directrice du plan de développement communautaire de la ville de Montpellier, capitale du Vermont, leur a fait visiter les installations d’une usine de combustion de bois pour produire de l’eau chaude : « Elle nous a raconté que lorsque le nouveau conseil municipal a voulu abandonner ce projet, les citoyens ont manifesté vigoureusement leur désaccord. L’appui de la population est essentiel pour que les autorités s’engagent vraiment. »

Puis, ce fut au tour du Dr Anju Dahiya, affiliée à l’Université du Vermont, de présenter au groupe l’objet de sa recherche : fabriquer du biocarburant issu des algues. Les algues utilisées sont des micro-algues ou phytoplancton. Ce sont ces micro-organismes qui ont formé le pétrole il y a des millions d’années. L’objectif de ce développement de biocarburant est d’utiliser une matière qui n’affecte pas l’approvisionnement alimentaire sur la planète, contrairement à l’éthanol qui contribue à la crise alimentaire mondiale en monopolisant une grande partie des récoltes de maïs. Cette alternative actuellement en étude, permettrait de transformer le CO2 pour produire un biocarburant ayant pour effet de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre.

« Le développement d’énergies vertes est rendu nécessaire dans la situation actuelle. La planète est à bout de souffle. Dans un monde nord-américain de surconsommation, il est nécessaire de rappeler le principe de précaution quelque soit la technologie employée : la méthanisation (matières organiques), la biomasse (produits forestiers), les parcs solaires et éoliens (paysage et surface agricole). » met en garde Marie-Pier Sylvestre qui dit avoir appris beaucoup pendant ces deux jours.

Dans Lanaudière, on remarque certains efforts pour se libérer de la dépendance au pétrole en développant d’autres avenues. Lors des Rendez-vous de l’énergie en 2010, nous avons pu constater certaines actions réalisées ici : l’application d’un programme d’efficacité énergétique de la Commission scolaire des Samares, première commission scolaire au Québec à se prévaloir d’un programme axé sur l’utilisation de nouvelles sources d’énergie dont le solaire et la géothermie; l’utilisation de la biomasse (résidus forestiers) par un éleveur de volailles de Saint-Jean-de-Matha; et la construction d’une habitation modèle, indépendante du réseau hydro électrique et écoénergétique à Saint-Damien. En 2012, EBI Énergie a inauguré une centrale de cogénération, à Saint-Thomas. À partir des matières résiduelles, cette usine produit du biogaz utilisé par les installations du site d’enfouissement et fournit le carburant pour les camions. De plus, l’usine génère 9,4 MW d’électricité vendus à Hydro-Québec.

De retour de ce voyage de plus instructifs, les deux citoyennes engagées résument ainsi l’optimisme généré par ce voyage au pays des énergies vertes : « Nous pouvons nous libérer des énergies fossiles et de tous les effets néfastes qui en découlent si tous les acteurs se concertent pour soutenir les initiatives citoyennes et d’entreprises dans une vision de développement durable. »