Les citoyens veulent aussi se faire entendre!

Sainte-Émélie-de-l’Énergie, le 28 février 2013 – Les citoyens concernés sont outrés. À la suite de la lecture des articles «Baisse du chiffre d’affaires des commerçants» et «Passera, passera pas?» parus dans le journal l’Action le 19 février 2013, ils ont constaté que la position des résidants s’opposant au passage des VHR n’est pas exprimée.

Comme le mentionne l’article, le Conseil municipal de Ste-Émélie-de-l’Énergie (à raison de 4 conseillers sur 5) serait prêt à déposer un avis de motion pour autoriser un sentier de VHR de 3,2 km sur le rang de la Seigneurie et le Chemin de ligne St-Joseph. Mais ces conseillers disent vouloir prendre le pouls de la population et de ses citoyens, ce qui est louable.

Mais qui veulent-ils entendre, exactement? Ceux qui vivent à des kilomètres de ces sentiers? Ceux qui vivent à l’extérieur de la municipalité et qui veulent traverser le village sur un VHR, ou les citoyens qui devront subir le passage de centaines de VHR à 7 mètres de leur chambre à coucher?

Apparemment, ce n’est pas ces citoyens que le Conseil veut entendre, puisque leur position a toujours été très claire : à plus de 95 %, ils ont signifié leur désaccord en 2010 et 2011 par voie de pétition. Ce même Conseil leur a affirmé en 2011 qu’ils n’auraient pas à défendre leurs droits de la sorte chaque année!

Ces citoyens, de nouveau menacés par un projet de sentier, ont fondé un comité et ont rencontré le Conseil. Ils se sont montrés ouverts à étudier, avec le Club Mégaroues Joliette et le Conseil, d’autres possibilités de tracés, ils ont multiplié les démarches pour en arriver au point où on leur dit qu’on souhaite connaître le pouls de la population!

Alors, qui donc les conseillers en faveur veulent-il entendre? Quels intérêts veulent-ils défendre? La Loi dit qu’un conseil doit « veiller à la qualité de vie de votre communauté. Les élus doivent toujours prendre leurs décisions dans l’intérêt des citoyens qu’ils représentent » (MAMROT, 2012). Il ne faut pas se le cacher, aucun des membres du Conseil ni des représentants du Club Mégaroues Joliette n’habite le rang de la Seigneurie ou le Chemin de ligne St-Joseph. Aucun d’entre eux ne subira le lot de conséquences négatives que ces citoyens auront à subir. Ces inconvénients, loin d’être des caprices, sont réels, nombreux et bien documentés.

Quelques précisions
Certains des faits mentionnés dans l’article «Baisse du chiffre d’affaires des commerçants» méritent d’être approfondis. Il y est question de la baisse du chiffre d’affaires de trois commerçants… Savez-vous qu’une propriété située à proximité d’un sentier de VHR voit sa valeur de revente diminuer de 30 % (soit une perte de 75 000 $ pour une résidence de 250 000 $)? Et, que le fait de ne pas déclarer cette « nuisance » lors de la vente d’une propriété est un vice caché? Le Conseil municipal est-il conscient de l’ampleur de cette perte, tant pour les résidants concernés que pour la municipalité (baisse de 30 % des taxes municipales d’une trentaine de résidences)?

D’autre part, la réponse des propriétaires de la pourvoirie Bazinet et de l’Auberge du Vieux Moulin «le quad n’influence pas [notre] chiffre d’affaires», diffère complètement de celle des autres commerçants. Il serait intéressant d’obtenir le détail des fameuses retombées économiques promises par le Club Mégaroues Joliette, puisque même au sein de la municipalité, les commerçants ne semblent pas s’entendre sur leur portée.

Les citoyens de Ste-Émélie-de-l’Énergie sont sensibles à la cause et aux difficultés des commerçants. C’est précisément pour cette raison qu’ils ont le souci d’acheter local. Mais la situation actuelle leur donne l’impression que les promesses d’un groupe de l’extérieur comptent davantage que leur contribution à l’économie de leur village. Il serait déplorable que les commerçants fassent les frais d’une situation qu’on laisse se détériorer jusqu’à créer tensions et conflits au sein de la communauté.

Le rang de la Seigneurie est un chemin patrimonial d’une grande beauté faisant partie des 30 circuits préférés des cyclistes du Québec (VéloQuébec, 2012). Il y a, sur ce rang sinueux, difficilement praticable l’hiver, la dernière ferme laitière de Ste-Émélie-de-l’Énergie, plusieurs écuries, de jeunes enfants, des trajets d’autobus scolaires et des résidences centenaires situées très près de la route. Tout ça a une valeur patrimoniale et culturelle dont on ne tient pas compte dans ce débat sur les VHR.

On semble oublier que le territoire, extrêmement vaste, offre d’autres possibilités de tracés qui ne porteront préjudice à personne. Au lieu de cela, on exerce, depuis trois ans, une forte pression sur une trentaine de citoyens qui n’ont rien demandé… si ce n’est de jouir paisiblement de leur propriété!