Nitaskinan, le 3 juin 2013 – Depuis près d’un an, la Nation Atikamekw et le gouvernement du Québec avaient intensifié les pourparlers au terme de la crise forestière de l’été 2012. En vertu de la date butoir du 31 mai à laquelle les deux équipes de négociateurs avaient envisagé en arriver à une entente finale paraphée, c’est à une offre du gouvernement faite vendredi dernier qui a plutôt eu l’effet d’une douche froide que les Chefs Atikamekw et la Grand Chef de la Nation ont eu droit.
«Au terme d’une négociation intensive d’un an, nous avons reçu une proposition écrite de la part de la ministre Larouche le 31 mai, et la situation n’a pas progressé: on constate malheureusement des reculs sur des sujets d’importance» a déclaré Chef Paul-Émile Ottawa du Conseil des Atikamekw de Manawan. De son côté, Chef David Boivin de Wemotaci mentionne qu’on demande à la Nation Atikamekw «d’accepter une solution à petits pas, tandis que l’industrie forestière y va, elle, à grand pas sur le territoire, et les membres des communautés voient bien les effets dévastateurs causés par l’industrie tandis que la situation des Atikamekw piétine». «En tant que Chefs, nous sommes unanimement déçus de l’absence de résultats concrets de la part du gouvernement Marois dans notre dossier de négociation; nous allons présenter les faits à nos membres dès demain dans chacune de nos communautés, mais la suite leur appartient aussi, car ce sont nos membres qui vont orienter les prochaines actions, et ils signifieront leur degré d’insatisfaction quant aux résultats recherchés sur la base d’une véritable relation de Nation à Nation dans un contexte où la tension continue de monter et où la confiance envers ce gouvernement diminue» a déclaré Chef Christian Awashish d’Opitciwan.
La Grand Chef Eva Ottawa a, quant à elle, exprimé sa déception à l’égard de l’offre: « Les demandes étaient pourtant claires l’été dernier, et tout au long des rencontres à la table de négociation, mais il n’y a pas d’avancées significatives, et le mécontentement risque de se généraliser» a mentionné Grand Chef Ottawa.
Rappelons que depuis juillet 2012, des négociations bilatérales entre le Québec et les Atikamekw sont menées afin d’établir une nouvelle relation « de nation-à-nation », ainsi que de clarifier les règles concernant la gestion du territoire ancestral atikamekw (Nitaskinan) et des ressources naturelles qui s’y trouvent. Cette table de négociation avait permis la conclusion d’une Entente de principe (avec le précédent gouvernement libéral), ainsi qu’une Entente cadre, conclues en 2012. Les sujets abordés sont :
• La création d’une relation de nation à nation;
• L’établissement d’une formule de cogestion du territoire;
• L’accès aux ressources naturelles du Nitaskinan;
• La mise en place de mécanismes de redevances sur l’exploitation des ressources naturelles du Nitaskinan;
• Les mesures d’harmonisation.
Le traité espéré est en négociation avec les gouvernements du Canada et du Québec depuis plus de 34 ans. La négociation bilatérale avec Québec était ainsi perçue comme un moyen de convenir rapidement de mesures concrètes, en attendant une conclusion toujours souhaitée de la négociation territoriale globale conjointe avec le Canada et le Québec.